MONSTRES [mɔ̃stʁ ]

«Si tu veux savoir ce que tu as été dans le passé, regarde ce que tu es aujourd’hui. Et si tu veux savoir ce que tu feras dans le futur, regarde ce que tu fais aujourd’hui »

-Proverbe tibétain

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J'aimerais vous raconter l’histoire d’une amitié. Celle entre Marie-André et Marie-Ève. Deux jeunes femmes remplies d'ambition et qui avaient pour projet de travailler un jour ensemble, elles qui sont amies depuis plus de 20 ans. Elles avaient besoin d’un nouveau défi dans leur amitié. C’est à partir de ce moment que le projet d’écrire et de monter une pièce de théâtre de toute pièce a vu le jour!

Affiche de la pièce : Monstres

Après cinq ans de travail acharné, de médiation culturelle, d’échanges, d’écoute, de textes écrits, d’effacement, de feuilles déchirées, d’essais & d’erreurs, de nouveaux textes écrits, de larmes, de nombreuses émotions, du rire aux larmes et de multiples réunions est finalement née la pièce de théâtre Monstres.

La pièce de théâtre Monstres a été présenté à la Salle Fred-Barry du théâtre Denise Pelletier du 21 janvier au 8 février 2025.

Marie-André & Marie-Ève avaient déjà une idée de décors et de costumes en tête. Comme elles aimaient bien le dire, elles avaient le glaçage, mais il manquait la base, le texte. Elles se sont dit que les meilleures personnes pour les aider étaient celles qui l'avait vécu, pour comprendre ce qui a pu être réellement vécu. C'est ainsi que leur meilleure alliée Jessica s'est mise de la partie. Elle a approché des jeunes pour les inciter à s'impliquer dans le projet. C'est ainsi que neuf jeunes ex-placés de la DPJ sont devenus le comité consultatif de la pièce.

Pendant la création de la pièce, nous avons abordé plusieurs sujets qui se retrouvent dans Monstres. Je répondrais à chacun des sujet en répondant à la question suivante : Qu’est ce que ce mot signifie pour moi ?

Violence [vjɔlɑ̃s]

Il y a la violence physique & il y a la violence psychologique.

La violence a occupée une grande place dans mon enfance. Pour moi, elle représente les coups de ceinture, les coups de règle, les coups de poing et les claques en plein visage. Tout cela sur un si petit corps, recouvert de bleus.

La violence, c'est aussi de se faire dénigrer dans une relation conjugale à chaque fois que l'on fait quelque chose de mal. C'est aussi de se faire dire que nos paroles n'ont aucune valeur et qu'on sera comme notre génitrice.

La violence, ce n'est pas juste des actes, des gestes et des actions; ce sont aussi des mots qui te poignardent en plein cœur, qui te blessent et qui restent dans ta tête en permanence.

La violence laisse des marques, des cicatrices.

Abandon [abɑ̃dɔ̃]

Pour moi, je retrouve l'abandon dans les bureaux de la DPJ...

L'abandon d'un enfant ne devrait pas avoir sa place dans ce monde. Pourquoi faire un enfant pour finalement l'abandonner ? Pourquoi faire subir cela à un si petit être qui ne demande qu'à être aimé ?

J'avais 7 ans quand ce mot a réellement pris tout son sens. Je me souviens exactement de la façon dont il m'a annoncé qu'il n'avait plus envie de se battre pour moi. Que le système le faisait chier... Que mon existence ne valait pas la peine qu'on se batte pour elle... Je me souviendrai toujours de cet instant. Celui qui fait mal, mais celui qui veut tout dire. Ce lourd silence dans cette pièce accompagné de ces larmes que l'on garde à l'intérieur de soi et qu'on refoule pour ne pas avoir encore plus mal. C'est ce qu'on appelle le câlin de l'abandon.

L'abandon; c'est quand cette personne quitte finalement la salle et que tu cours jusqu'à la fenêtre pour lui dire un dernier au revoir, mais qu'elle prend son vélo et ne se retourne pas.

L'abandon; c'est quand tu lui annonces la plus grosse ''nouvelle'' de ta vie, celle qui t'a encore plus détruite à l'intérieur. Ce moment où tu penses que tu recevras une dose d'amour, un certain réconfort. C'est aussi le moment qu'elle réalisera qu'une personne a détruit l'innocence de sa fille... La seule chose qu'elle saura dire c'est: "Ne mets plus de camisole ni de shorts, je dois maintenant partir travailler." Pendant ce temps, tu restes là. Tu restes seule, assise dans cette pièce, à essayer de comprendre pourquoi tu dois encore replonger dans ces horreurs pour être une fois de plus ignorée.

Peur [pœʁ]

La peur. Ouf... C'est d'essayer de trouver le sommeil quand tu penses que tu es observé.

Cette peur qui te parcours tout le corps lorsque tu es allongé dans ton lit.

La peur: c'est de fermer les yeux et de ne pas vouloir les ouvrir, car tu sais qu'il est dans le cadre de la porte.

La peur: c'est de marcher seule dans la rue et de te retourner pour être certaine de ne pas être suivie.

Fuite [fɥit]

Je dirais que la fuite, c'est un peu de se cacher, de se noyer dans quelque chose pour ne pas affronter certaines situations. Pour éviter de devoir faire face à ces émotions qu'on essaie si fort de refouler à l'intérieur de soi.

Fuir ses problèmes en travaillant.

Fuir les discussions en étant toujours occupé.

Fuir les rencontres par un empêchement.

Fuir les relations par peur de se faire quitter.

Fuir pour ne pas affronter la réalité.

Isolement [izolmɑ̃]

Est-ce que vouloir rester dans son lit en boule signifie s'isoler ?

Dans cet endroit où l'on se sent en sécurité grâce à nos couvertures, où l'on peut être seul et vulnérable. C'est l'endroit où j'ai accepté de laisser place aux larmes, aux cris, à la douleur, à chercher ma respiration.

Ne pas vouloir sortir et seulement rester dans ton lit parce que rien ne te semble réalisable aujourd'hui.

Ce n'est sûrement pas toujours la meilleure solution de broyer du noir seule dans son cocon.

Amour [amuʁ]

L'amour c'est fort, c'est puissant, c'est sincère. Ça fait du bien quand il est vrai et beau.

L'amour c'est dans l'amitié, dans les rencontres qui changent ta vie. Ceux qui te comprennent d'un regard, ceux qui te font rire.

L'amour c'est dans ceux qui t'apportent du soutien, de l'écoute et qui sont là dans les bonnes comme dans les mauvaises périodes.

L'amour c'est trouver la personne qui partagera ta vie, qui te connaîtra par cœur, qui saura t'encourager, te soutenir, être fière d'être à tes côtés et cela malgré le bagage que tu portes.

L'amour c'est quand ton fieul te regarde avec fierté, quand sa marraine fait toutes les folies du monde pour le faire rire. C'est quand il doit décider de s'asseoir à côté de maman ou marraine.

L'amour c'est quand ton fils hurle, cours vers toi et te fait un gros câlin quand tu rentres à la maison après une journée de travail.

Famille [famij]

La famille; c'est ceux qui m'ont accueillie du haut de mes 10 ans et qui m'ont laissée une place immense dans leur vie. Ce sont ceux qui ont fait de moi, en grande partie, la femme que je suis aujourd'hui. Ceux, qui encore à ce jour, sont là et sont présents dans ma vie et qui me considèrent comme leur fille, malgré le fait que je ne porte pas leur nom de famille.

La famille c'est les amitiés que tu as depuis l'école primaire et qui sont là malgré la routine de la vie d'adulte. Mais c'est aussi les amitiés d'adulte où tu te demandes où tu étais avant pour rendre ton quotidien aussi drôle!?

La famille c'est quand ta meilleure amie te dit les vraies choses parce qu'elle veut ton bien! Qu'elle manquera son rendez-vous pour être à tes côtés dans le moment où tu es au plus bas. Elle sera aussi la première à rire de ta chute avant de t'aider à te relever… ou pas! C'est elle qui te fera signe que le garçon qui est parti avec son chum dehors est le bon pour toi et que finalement, elle fera de toi la marraine de son fils.

La famille n'est pas un lien de sang, ce sont ceux qu'on choisit, ceux qui sont là pour de vrai, qui te connaissent parfois mieux que tu te connais toi-même !

Espoir [ɛspwaʁ]

L'espoir c'est qu'au fond de moi, la petite Annie attend des réponses et essaie encore à ce jour de comprendre certaines choses. Elle cherche toujours des réponses à ses questions.

Je crois que l'espoir c'est vouloir croire que mes mots et mes paroles pourront faire une différence dans la vie de quelqu'un.

L'espoir se retrouve dans nos buts, dans nos rêves, dans nos réussites et finalement dans tout ce que nous souhaitons entreprendre.

Crédit des photos : Maxime Paré-Fortin

Je voulais aussi remercier Marie-Ève et Marie-André pour leur écoute, leur compréhension, leur calme, leur grande douceur, leur bienveillance, leur ouverture et surtout pour avoir été capables de s'adapter à chaque phase de ce projet. Que ce soit dans le fait de prendre le temps de nous écouter, de vivre le moment présent avec nous, de sortir du plan de match et même d'avoir été vraies et sincères dans vos émotions. Merci de m'avoir permis de vivre une si belle aventure! De m'avoir permis d'embarquer dans un univers que je ne connaissais pas, d'avoir répondu à toutes mes questions techniques et aussi à propos des décors (j'en aurai encore d'autres), mais surtout merci d'avoir eu confiance en nous! Grâce à tout ce beau parcours des cinq dernières années, la pièce a été présentée à 15 reprises et ce devant un total de 1846 spectateurs. Je vous souhaite que cette belle aventure continue à travers le Québec et que plusieurs autres puissent profiter de cette magnifique œuvre théâtrale!

Merci aux comédiens qui ont embarqués dans cette aventure, qui se sont imprégnés du texte et qui l'ont fait vivre en eux, mais au travers des yeux du public. Grâce à votre magnifique jeu d'acteur, vous avez su toucher le public, sensibiliser, confronter les salles chaque soir de représentation. Vous avez été excellents dès la première lecture devant nous. Vous n'aviez reçu le texte que quelques heures avant. Vous avez été excellents du début jusqu'à la dernière représentation. Votre énergie et votre passion pour le théâtre sont sublimes.

Si vous souhaitez suivre l'évolution de cette aventure vous pouvez vous rendre sur le Facebook : Les Créations Unuknu ou sur leur site internet : Les Créations Unuknu.

La cerise sur le sundae! La pièce Monstre a été édité. Pour vous procurés le livre et encourager local, rendez-vous sur le site des Atelier 1o.

Voici plusieurs photos des médias à la représentation finale.